Boule qui est-ce, première partie

Ce qui est-ce tactile, quelle aventure ! Après une année de réflexions, de bricolage, de coups de main des copains et copines, et une dernière ligne droite palpitante, le qui est-ce est finalisé.

Et pour l’occasion, on vous dévoile ici son nom complet : le boule qui est-ce ?

Fabrication du plateau

Lors du dernier billet sur le sujet, j’avais raconté les détails de la fabrication des personnages. Restait à raconter ici la conception et la fabrication du plateau.

Dans ce jeu, chaque joueur doit pouvoir disposer les 18 personnages ainsi qu’un personnage supplémentaire face à lui. Il doit pouvoir toucher chaque personnage pour le découvrir, et doit pouvoir les enlever facilement.

J’ai donc imaginé un plateau constitué de 3 lignes de 6 personnages. La ligne est composée d’une saignée, qui permet de glisser les bâtonnets, et de 6 puits rectangulaires de 3 cm de profondeur, qui accueillent les bâtonnets pendant la partie. Une quatrième ligne accueille un puit rectangulaire, pour positionner le personnage qui a été pioché.

Chaque puit est écarté de son voisin de 10 cm, ce qui permet une exploration aisée du plateau.

Pour construire un tel plateau, j’ai utilisé des planches de medium de 3mm d’épaisseur, et j’ai profité de la proximité de SIGMake, un fablab situé sur le campus des Cézeaux, pour usiner les planches à la découpeuse laser.

L’ensemble est constitué d’une boîte parallélépipèdique, assemblée par créneaux, et d’un système de traverses qui s’assemblent pour former les puits, en face de trous percés dans la planche supérieure. Voici quelques images de l’assemblage.

Afin de permettre à d’autres personnes de fabriquer le même socle, je propose ici en téléchargement le fichier au format OpenSCAD que j’ai utilisé pour la conception, et le fichier au format dxf, que j’ai donné à la découpeuse laser.

Et voici un aperçu en image du patron de découpe :

Pour finaliser le plateau, j’ai ajouté du carton ondulé devant chaque puit, afin de faciliter le positionnement des personnages, ainsi qu’une petite étoile en mousse pour distinguer le personnage pioché des autres personnages. Le jeu est prêt !

PS : j’échange depuis quelques temps dans le cadre de mes activités de recherche avec l’équipe du laboratoire cherchons pour voir, qui a accompagné une équipe autour de l’adaptation du qui est-ce traditionnel. On peut voir leurs travaux sur la page consacrée au projet.

Qui est-ce tactile : ça avance grandement !

Il y a quelques temps, je partageais sur ce blog le début d’un projet de construction de qui est-ce tactile. Quand j’ai commencé à travailler sur ce projet, j’avais du mal à imaginer combien ça serait long et fastidieux de le mener seul. J’avançais doucement, parfois accompagné, parfois seul. Après quelques mois de travail, le rythme s’est pas mal ralenti, et il était difficile de trouver le courage de continuer.

Parce qu’il faut quand même 3 exemplaires de chaque personnage !

J’étais un peu désespéré, alors j’ai décidé de changer de stratégie : trouver une équipe pour avancer ! J’avais déjà eu des propositions, certaines proches de chez moi, certaines lointaines. Alors j’ai commencé par un appel à participation des contributeurs éloignés, en produisant un document technique qui décrive les besoins en cours : qui est-ce tactile – besoin d’aide. Très vite j’ai reçu des réponses positives, et des colis sont partis d’un peu partout en direction de la terre du milieu.

Puis j’ai lancé un appel à participation pour un dimanche après-midi de bricolage. Et tous les copains et copines ont répondu à l’appel ! Nous devions bien être quinze au plus fort de l’après-midi, et tout a soudain été plus vite ! On a même trouvé le temps de faire une pause pour le goûter. Superbe après-midi, merci les ami·e·s !!!

Après cette folle journée, il ne manque plus que 3 personnages à finir, et quelques détails à ajouter, en cours de réalisation ou d’expédition : lunettes, cheveux frisés, et quelques oreilles. Voici les personnages rassemblés.

Ainsi que leurs doublures, qui attendent sagement à côté.

La dernière mission, et pas des moindres, sera de concevoir et fabriquer un socle pratique pour jouer… On est plus qu’impatients !

Qui est-ce tactile : le début du projet

Quand on est non voyant, le nombre de jeux disponibles est nettement réduit, et souvent on ne peut pas jouer à armes égales… Heureusement, comme les pratiques de jeux de société explosent depuis quelques années, les éditeurs et les associations deviennent de plus en plus sensibles à ces questions. On peut penser par exemple à l’excellente association AccessiJeux, qui fait un travail remarquable sur internet. Mais parfois, ce qu’ils proposent ne correspond pas aux besoins spécifiques.

Un jour, par hasard, j’ai découvert les adaptations et créations de jeux proposées par le Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue, basé en Suisse. Et en particulier, leur qui es-ce ? tactile. C’est l’image du haut de ce billet.

Après quelques hésitations, et pas mal de réflexions, je me suis lancé dans la réalisation d’une version locale. C’est un gros chantier, car pour chacun des personnages, on doit réaliser trois copies : une pour chaque joueur, plus une pour la pioche. J’ai donc pas mal discuté autour de moi, et nombre d’idées intéressantes sont venues enrichir le projet. En vrac, voici quelques idées :

  • utiliser des boules de polystyrène pour former les têtes, des petits bâtons de bois plats pour le pied (similaires à des bâtons de glace). On utilise de la colle cyanolite (type super glue) pour fixer les différents éléments.
  • utiliser de la laine, de la feutrine pour les cheveux et la barbe. Pendant plusieurs jours, j’ai hésité pour la fabrication des cheveux, et finalement, une piste semble intéressante : fabriquer des perruques à l’aide d’un collant à travers duquel on faufile des brins de laine. Il semble en effet beaucoup plus simple de coller une telle perruque sur la boule plutôt que chaque brin…
  • utiliser des boutons plats, coupés en deux pour former les deux demies lunes des oreilles.
  • utiliser de la peinture volumique pour former la bouche.
  • coller une perle ou des aiguilles à bâtir avec une boule de plastique pour le nez.
  • écrire en braille et en noir sur le bâton le nom du personnage, pour pouvoir poser la question finale (« est-ce que ton personnage est… »).
  • fabriquer quelques accessoires, comme des lunettes et des chapeaux.
  • utiliser des yeux mobiles en plastique, formés d’une petite bulle en plastique transparent, et d’une perle mobile noire à l’intérieur… Ça fait du bruit en secouant, et il en existe de plusieurs tailles.
  • usiner deux supports de jeux dans lesquels il sera facile de repositionner les personnages… Je pense à des emplacement adaptés aux formes des bâtons de bois, qui seraient resserrés au fond, mais en forme d’entonnoir pour que le positionnement ne soit pas trop dur, avec peut-être un rail de positionnement. À réfléchir.

Après avoir commencé à rassembler le matériel, j’ai fait quelques essais : petits et grands yeux (ça marche), fixer le bâton dans une boule, y écrire en braille et en noir le nom du personnage (ça marche)…

boules de polystyrène avec yeuxboule de polystyrène et bâtonboule de polystyrène et bâton

Et puis il faut respecter l’équilibre des attributs, de sorte que le jeu ne soit pas trop facile, trop déséquilibré. Dans le jeu classique, il y a 21 personnages, et chaque critère est équilibré non pas en 50/50, mais plutôt en 5/16, pour éviter une recherche dichotomique trop rapide. Nous avons donc commencé à construire les critères, pour les attribuer aux personnages. L’outil est encore perfectible, mais il contient déjà une synthèse permettant de visualiser si un personnage est trop banal, ou au contraire réunit trop de caractères rares.

feuille de calcul pour l'équilibrage du jeu

Le début d’une grande aventure !

Cet article a été posté pour la première fois dans sa forme originale sur mon blog principal, avant que je ne démarre ce blog consacré à l’accessibilité.